Edito: Miracle aux Cabinets

extrait  de la Page 9 Verity N°1

J'AI MAL AUX YEUX. TROP D’INFORMATIONS, D’ÉCRANS RÉTRO-ÉCLAIRÉS ET DE TOUTES PETITES LETTRES. JE RÊVE DE POUVOIR FEUILLETER LES PAGES EMBAUMÉES D’UN MAGAZINE PAPIER, DE ME CARESSER LE VISAGE AVEC, DE LE ROULER POUR LE GLISSER DANS MA POCHE ARRIÈRE, D'Y NOTER UN NUMÉRO DESSUS, D’EN DÉCHIRER LES PAGES POUR LES AFFICHER SUR LE MUR DE MA CHAMBRE. ÇA PEUT PARAÎTRE RINGARD ET CARRÉMENT NOSTALGIQUE. MAIS C’EST BIEN CE QU’ON ADORE DANS LES MAGAZINES PARUS AVANT L'ÈRE INTERNET. LES REVUES ABSORBANTES EN PAPIER SOUPLE OFFRENT UN ESPACE COMMUN REGORGEANT DE CONSEILS UTILES, DE MODE ACCESSIBLE, DE CONTRIBUTIONS DES LECTRICES, DE POSTERS ET DE CONTENUS INTIMES. Aujourd’hui, il n’y a plus rien à arracher même s’il est tentant de se débarrasser des trop nombreux articles-prospectus. Nous plions sous les injonctions à consommer, à nous épiler et sous des billets lourdingues qui continuent d’ancrer les femmes dans des stéréotypes sexistes. Chez Verity nous n’allons pas vous énumérer 50 manières d’atteindre l’orgasme: nous pensons que si deux personnes s’aiment bien, cela ne devrait pas poser trop de problèmes. Nous préférons nous asseoir sous un arbre – s’il en reste – et nous perdre dans un monde qui nous inspire, nous stimule, nous éduque et nous amuse. Nous voulons représenter cette communauté de femmes qui pensent librement sans dépendre du niveau de batterie de leur appareil. Emails et magazines en ligne cléments pour l’environne- ment ? C’est un mythe qui s’essouffle au même rythme que nos poumons. Et la grande majorité des féminins est tout bonnement allergènes : ils nous font nous sentir non-conformes, physiquement et financièrement, au lieu de refléter l’intimité et la sécurité de notre salle de bain. Nous sommes toutes égales face à la cuvette des toilettes, après tout ! Le féminisme est encore controversé car le simple fait de d’exiger traitement égal est pour certains le signe d’un complexe d’infériorité. «Féminisme» est encore synonyme de complaintes amères. Alors qu’il devrait au contraire être encensé pour sa pertinence et sa nécessité, et bénéficier de la distinction qui lui revient. En résumé, c’est cool d’être une femme.

Verity Girl: Interview avec Amandine

Extrait de la Page 24 Verity N°1

Qui sont les femmes que tu admires et pourquoi?

J’ai toujours adoré l’image de Françoise Sagan à travers ses livres ou les interviews télévisées. Peut-être m’aurait-elle déplue si nous avions été contemporaines. Ses livres ont accompagné mes étés. Je la vois avec son verre de whisky, répondant aux questions des journalistes avec le souffle court, une cigarette aux lèvres. J’adore les photographies de l’écrivain au volant de son Aston Martin ou posant à côté de l’épave accidentée par sa faute.

 

Qu’est-ce qui ressort lorsque tu imagines ta marque de vêtement idéale ?

Des coupes structurées dans des matières de qualité pour des vêtements qui résistent au quotidien. Tout cela pour un budget raisonnable: une hérésie!

 

Te sens-tu toujours toi-même ou adoptes-tu un style vestimentaire différent pour te donner une plus grande liberté?

Évidemment les tenues conceptualisent l’instant ! On ne porte pas la même chose pour aller à une réunion de travail ou pour sortir. Les habits permettent d’entrer dans un personnage, de jouer un rôle. Ils aident à nous métamorphoser en partie et à renvoyer l’image que l’on a confectionnée.

 

Que portes-tu quand c’est la déprime ?

Un gros pull et des vêtements dans lesquels je me sens bien, confortable.

 

Et quand tu te sens libre et heureuse ?

Une petite robe légère qui affirme la confiance en soi.

 

Qu’est-ce que tu préfères chez toi (physiquement, psychologiquement ou émotionnellement)?

J’espère être une personne curieuse, qui s’intéresse à toutes sortes de choses. Et... je crois que mes fesses sont un atout.

 

Et ce que tu aimes le moins ?

La patience ne fait pas partie des mes qualités. J’aurais aimé être plus grande.

 

Que pensent les autres lorsqu’ils te voient ?

Je crois que je fais partie d’une génération et d’une tranche d’âge pour laquelle il est encore difficile de faire entendre sa voix et à qui on accorde difficilement carte blanche professionnellement parlant. Pourquoi attendre quelques années avant d’avoir de véritables responsabilités ? Cela est d’autant plus difficile quand on est une fille. On vit encore trop sur un modèle gérontocratique à mon goût. Il suffit de regarder les dirigeants de notre pays.

 

D’où vient ton sens du style?

Comment éviter l’influence maternelle ? Avant de trouver mon chemin il y a eu la période difficile de l’adolescence avec des t-shirt près du corps à base de signes chinois, ou à grandes manches de magicien, le ras de cou avec un cheval au galop, les pantalons pattes d’eph délavés... Ma mère a toujours choisi de beaux vêtements chics et sobres, il a fallu attendre l’âge de raison pour que nos goûts se rejoignent.

 

A droite: Interview télévisé de

Françoise Sagan

La Verity sur l'écologie

Extrait de la Page 34 Verity N°1

Les études prouvent pourtant que l’énergie utilisée pour envoyer, sauvegarder et lire les emails - sans parler de l’hébergement en ligne - est bien trop conséquente pour avoir un quelconque bénéfice pour la planète. C’est ce qu’explique The Guardian en parlant de l’effet rebond.  Tenter d'aider la planète peut en fait la condamner. En 2010 le journal britannique a étudié l’empreinte carbone d’un email en ces termes : «Un email classique possède une empreinte carbone d’un soixantième de celle d’une lettre. Cette économie est relative, car nous avons tendance à envoyer soixante fois plus d’emails que de lettres au fil du temps. C’est un bon exemple de l’effet de rebond: une technologie à empreinte carbone faible peut entraîner les utilisateurs à augmenter à terme leur empreinte carbone car ils l’utilisent bien plus.»

La plupart des emails que nous reçevons n’en valent pas la peine. Spams envahissants, publicités intrusives, newsletters infernales. Selon l’étude de McAfee, 62 milliards de spams sont envoyés chaque année, à raison de 33 milliards de kilowatt-heure d’électricité (kWh) et de 20 millions de tonnes d’émissions de CO2. Ils estiment qu’environ «80% de cette électricité est consommée par la lecture et la suppression des spams, et par la recherche d’emails perdus parmi ces spams... » Rien que ça.

Les réseaux sociaux comme Facebook, Instagram et les moteurs de recherche comme Google (qui possède Youtube), demandent d’énormes espaces de stockage dans des data centers gigantesques, partout dans le monde, et qui ont bien sûr besoin de quantités exorbitantes d’énergie pour être disponibles en ligne 24h/24. En 2011 Google a rendu publiques ses émissions de carbone, s’élevant à hauteur de 1, 5 million de tonnes par an. Même quantité que pour un pays. D’autres sociétés comme Apple affirment utiliser des énergies renouvelables (énergie solaire, cinétique) pour que leurs centres de données gardent le « cloud » en ligne, mais ce n’est que la partie visible de (ce qui reste de) l’iceberg !

Classer nos documents, garder nos vidéos mignonnes et nos photos en ligne est-il devenu plus important que d’avoir une planète en bonne santé ? Bien sûr que non, l’idée de nous a même pas traversé l’esprit. Comment aurait-on pu savoir ? Le cloud n’est hélas qu’une illusion.

T'es vite déçu, toi

extrait de la page 93, JOURnaL INTIME, verity N0.1

Il répond sans montrer trop d’émotion : son sourire ultra bright, son visage de jeune Marlon Brando... – sans le marcel taché d’huile de vidange.

Puis on s’est perdus de vue. À n’y rien comprendre. Après j’étais complètement pompette, dans le mauvais sens du terme. J’ai remarqué un grand réalisateur et l’ai interrompu avec un très solennel «JE TE RECONNAIS» qu’il a ponctué d’un «Merci» bien sarcastique.

Toute seule, j’ai paniqué. L’alcool coulait à flot, les autres dansaient et se chopaient ici et là... ça en devenait carrément dionysiaque. Moi,j’avais plus envie.Les autres garçons qui traînaient là avaient

l’air beaucoup trop snobs et malheureux.

J’ai retrouvé mon bel acteur et lui ai dit que j’avais égaré mes amis mais il s’en foutait et m’a abandonnée au bar. Cinq minutes de réflexion et je note mon numéro avec un petit mot : «peut-être qu’on pourrait se prendre un café un de ces jours ?». Grâce au courage magique propre au whisky pur, je passe en mode chasseuse et lui tends mon bout de papier. Réponse : «J’y vais...». Il propose un baiser d’adieu et m’embrasse platoniquement sur les deux joues. Et nos lèvres trouvent un moyen de se rencontrer.

 

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